JIMMY COLAIANNI

Ma passion pour le voyage a pris racine dans mon enfance, nourrie par un imaginaire foisonnant. Mon père, antiquaire, m’entourait de cartes anciennes, de mappemondes et de livres d’exploration qui éveillaient en moi un irrésistible désir d’ailleurs. Plus tard, ce sont des récits fascinants, comme ceux d’Ella Maillart ou d’Alexandra David-Neel, et les photographies de Roland et Sabrina Michaud qui m’ont ouvert les portes de mes destinations de prédilection. Aujourd’hui encore, je m’inspire souvent de ces histoires pour tracer les itinéraires de mes propres explorations.

L’un de mes souvenirs les plus marquants reste un trek isolé de cinq jours dans l’extrême Est du Bhoutan, à la frontière avec le Tibet et l’Arunachal Pradesh. Accompagné des éleveurs semi-nomades Brokpas et de leurs yaks, j’ai partagé des moments d’une rare intensité. Malgré des conditions spartiates, l’hospitalité chaleureuse de mes hôtes et les échanges au-delà des mots m’ont profondément touché. En partant, l’un d’eux m’a offert un chapeau traditionnel brokpa en laine de yak feutrée, un présent que je chéris encore aujourd’hui.

Je rêve d’un voyage au long cours sur les traces de Marco Polo ou de Nicolas Bouvier. Parcourir à pied, à cheval ou en train les massifs du Karakorum, du Pamir ou du Tian Shan serait un défi à la fois physique et spirituel. L’Himalaya exerce sur moi une fascination irrésistible : chaque approche que j’en ai faite me pousse à vouloir explorer davantage ses cimes et ses vallées.

Oumma d’Alfred de Montesquiou est une œuvre captivante. À travers ses anecdotes et ses récits de grand reporter, l’auteur nous transporte au cœur des communautés arabo-musulmanes. Ce livre offre un regard éclairé sur des régions souvent mal comprises, tout en célébrant leur richesse culturelle et historique.

Voyager, pour moi, c’est avant tout une quête de curiosité. J’aime naviguer entre des univers très différents : explorer des reliefs isolés à Oman ou me perdre dans une galerie d’art contemporaine à Tokyo. Les montagnes ont ma préférence pour l’isolement qu’elles procurent et le dépassement de soi qu’elles exigent, tandis que les villes attisent mon intérêt pour l’architecture moderne et la gastronomie. Mais quel que soit le lieu, je prends toujours le temps de m’imprégner des atmosphères et de chercher à capturer, en photo, ce qui rend chaque endroit unique.

Le Bhoutan est une destination hors du temps, où la spiritualité et la nature coexistent harmonieusement. Ce royaume niché dans l’Himalaya offre une richesse culturelle unique, avec ses monastères perchés, ses traditions vivantes et ses paysages époustouflants. 

L’une de mes expériences incontournables est le trek vers le monastère de Taktshang, ou « Tigre perché », un lieu empreint de mysticisme. J’invite aussi à explorer les vallées isolées de l’Est, où les rencontres avec les communautés Brokpas révèlent une hospitalité sans pareille. 

Je conseille de voyager au Bhoutan entre mars et mai ou d’octobre à novembre, lorsque les cieux sont dégagés et les festivals colorés en plein essor. Et pour profiter pleinement de l’expérience : un bon appareil photo est essentiel pour capturer la beauté de chaque instant.”